Leçon 5
Guy-Guy Bouzoune
"Attention, ça pique !"
Où l’on apprend que l’habit ne fait pas le moine.
Mangaaka, statue anthropomorphe kongo, République démocratique du Congo ou Angola, XIXe siècle, bois, fer, résine, céramique, fibres végétales, textile, pigment, hauteur : 118 cm, Metropolitan Museum of Art, New York / Photo : CC BY SA-2.5
Les yeux exorbités, la bouche ouverte sur des dents pointues et le corps hérissé de clous : en voilà un qui a l'air en fâcheuse posture ! Son nom : Mangaaka.
Mais pourquoi s’être autant acharné sur le corps de ce malheureux personnage ? Il y a une bonne raison : en pays kongo (à l’ouest de la République démocratique du Congo), ces grandes statues sont considérées comme très puissantes. Un devin (nganga) concocte un mélange magique qui est placé dans un petit trou, sculpté dans le torse de la sculpture. Et pour que cette force magique puisse agir sur les hommes, on la "réveille" en enfonçant un clou !
Ainsi réveillé, Mangaaka était consulté pour traquer les sorciers et les fauteurs de troubles. Mais pas uniquement ! Derrière cette apparence redoutable se cache un puissant médiateur au service de l’harmonie sociale : il "intervient" lors du règlement des conflits ou pour sceller des accords.
L’allure terrifiante de ces sculptures provoque l’incompréhension des Européens au XIXe siècle. De nombreux exemplaires sont détruits par les missionnaires, qui n’y voient que de dangereuses idoles païennes…